La baignoire
Il y a ici quelque chose de proustien, une fatalité de mouvement perpétuel, une force centrifuge qui produit du langage à l’infini. Cette photographie s’est construite de l’intérieur au sens de l’intime, s’est écrite de manière circulaire – la partie droite, comme évaporée ; la partie gauche riche jusqu’au détail. La chevelure, comme une version moderne de A Scapigliata, accentue le mouvement, l’attraction vers le visible. Le Tout se regarde-lit en boucle. Avec un plaisir toujours renouvelé. Oui, cette photographie a quelque chose de proustien. N’aurait-elle pas pu orner la couverture d’un tome de la Recherche de la collection Folio ? Albertine disparue – initialement La Fugitive - ? L’oubli fait œuvre – drame ou cautérisation ? - mais progressivement, insensiblement. « L’oubli est une grâce » rappelle Julien Green. C’est le charme du passé. La fixité du regard de Laetitia Casta surgit de ce Tout comme une fatalité. Cette photographie s’est construite de l’intérieur, au sens de l’intime, dans une baignoire (Après tout Marat se mettait bien dans sa baignoire pour écrire ses article incendiaires). Et puis « Pour s’ouvrir les veines, il faut avoir une baignoire » ! nous enseigne Jacques Spitz, le père de la science-fiction française, profondément imprégné de surréalisme.
Par Constant Sbraggia