Nous avons choisi de nous focaliser sur la première circonscription de Corsedu-Sud en raison de sa singularité, n’est-elle pas la seule des quatre que compte la Corse à n’avoir pas envoyé, en 2017, un nationaliste au Palais Bourbon. Jean Jacques Ferrara, le député sortant, a jeté l’éponge, sans opposer la moindre résistance à Laurent Marcangeli qui s’est imposé en candidat de la droite et du centre. On pensera ce que l’on veut de la manœuvre, voire de la malédiction qui frappe les amis de trente ans en politique, mais sauf à prendre des vessies pour des lanternes il nous faut bien considérer que la victoire de Ferrara en 2017 était essentiellement celle du maire d’Ajaccio. Ce que l’électeur de la droite et du centre doit digérer aujourd’hui c’est plutôt l’étiquette Horizons, parti politique fondé en 2021 par Édouard Philippe auquel a adhéré Laurent Marcangeli, partie intégrante de la coalition présidentielle Ensemble. Les militants et sympathisant LR suivront ou pas. En face, on retrouve le docteur Jean-Paul Carrolaggi, qui avait recueilli 14,11 % des suffrages en 2017, ratant la qualification pour le second tour pour seulement 19 voix. Il est toujours soutenu par le PNC et Corsica Libera. Mais pas par Femu a Corsica qui présente Romain Colonna. Âgé de 40 ans, conseiller territorial du groupe Fà populu inseme, maître de conférences HDR en sociolinguistique et études corses, Romain Colonna avait déjà été le candidat de Femu à la législative de 2012 dans cette même circonscription. Nul ne parle de division, nul n’ignore cependant les tensions qui agitent la galaxie nationaliste. Wait and see… Candidat inattendu, le docteur Michel Mozziconacci. On sait le radiologue proche de la macronie, il se présente en « homme libre » mais pourrait bénéficier du soutien d’une gauche orpheline de Simon Renucci. Lesquelles de ces quatre personnalités accèderont au second tour? En Corse, la législative reste un scrutin éminemment politique mais se confond aisément en rendez-vous local, qu’il s’agisse des enjeux comme des personnes la proximité mène les débats. Et ici comme ailleurs l’abstention continuera de donner tort aux absents. Rappelons que le taux de participation au premier tour de la législative de 2017 était de 46,50 % (soit un taux d’abstention de 53,50 %); le taux de participation au second tour chutant à 43,30 % (soit un taux d’abstention de 56,70 %). Onze candidats étaient en lice, douze candidats s’affronteront le 12 juin. Amissa Flore Amziane (PC), Nathaly Antona (RN), Pascale Bizzari (Ensemble pour les libertés), Claire Lainez (Lutte ouvrière), Walter Lippler (sans étiquette), Robin de Mari (LFI), David Quintela (Reconquête), Angélique Susini (PS) couvrant le spectre politique du scrutin. Une particularité toutefois colore cette législative : ce qui est en question aujourd’hui, dans toutes les consciences, c’est l’autonomie. Observation qui ne donne guère d’indications. En revanche Laurent Marcangeli devrait sortir en tête du premier tour, il est le maire d’Ajaccio. Pour le reste, le jeu reste ouvert. Nous avons donc posé cinq questions aux quatre candidats qui nous semblent en capacité d’accéder au second tour.
Par Constant Sbraggia - Photos Rita Scaglia et Marianne Tessier