Photographe des songes
À travers mes photographies, je désire convoquer la nostalgie laissée par les souvenirs de voyage. Grâce à des surimpressions argentiques, je fabrique des songes, des propositions pour l’imagination, des histoires qui ne sont pas figées. Je suis inspirée par les paysages de la période américaine d’Antonioni, les robes pastel des Demoiselles de Rochefort, l’odeur vanillée du sable chaud, le teint halé de Cécile dans Bonjour Tristesse, les piscines d’Hockney ou même par le souvenir de l’été prochain. Je suis moins attachée à la force du temps et des lieux qu’à celle des personnes, qui transforment un moment en une rencontre, la banalité en féerie, le commun en extraordinaire. De cette réunion entre des individus, des endroits et des instants, naissent des images oniriques sélectionnées par notre mémoire dans le flux des souvenirs. Le temps qui passe constitue, pour chacun de nous, un musée intérieur qu’on visite avec joie, tristesse ou avec un mélange des deux qu’on appelle la nostalgie. Les contours s’estompent, les détails deviennent insignifiants ; la réalité s’efface : subsistent des impressions à partir desquelles on fabrique des songes. C’est mon travail. Joséphine.
Par Barbarella Serpaggi