En cet automne 1990 son emblématique maison d’Édition (elle compte deux Nobel : Samuel Beckett en 1969 et Claude Simon en 1985) le prévient: « Nous ne vendrons que 350 exemplaires ». Jean Rouaud l’apprendra par la suite : tandis qu’il concourrait pour le Goncourt l’attachée de presse maison recommandait l’autre roman publié par Minuit en même temps… » Bien sûr que les révélations du Goncourt sur le destin de ses Champs d’honneur, et plus encore la mise au jour de la machinerie éditoriale, les « usages du milieu littéraire » comme dit l’auteur non sans ironie, les intérêts économiques, les rivalités, les ambitions qui prévalent à l’heure des prix littéraires (fut-ce le plus prestigieux d’entre eux) sont un régal. Une démystification aigre-douce. On aurait tort cependant de s’en tenir là. Comédie d’automne est d’abord un roman sur la comédie humaine, une étude de mœurs à vif en même temps qu’une mise à nu de son auteur en quête éperdue d’essentiel. Et puis il y a la musique des mots, des phrases, qui font la littérature, la vraie. Celle qui fait qu’on n’est plus tout à fait le même (ou la même) après avoir lu
Par Constant Sbraggia - Illustrations Rita Scaglia