« Poésie du silence »
L’artiste s’oblige plusieurs questions : à qui je destine mon œuvre ?, au nom de qui je parle ?, et même : qui parle ? Il pratique une sorte de recherche fondamentale, désintéressée de tout retour, tout succès, tout revenu issu de la vente de son œuvre. Au début des années 2000, j’étais sorti de l’école des Arts déco depuis sept ans. J’essayais de faire vivre ma très modeste maison d’édition ( Éolienne). C’étaient des années plutôt sans. Mais j’avais, pour les besoins d’un livre, fait l’acquisition d’un logiciel permettant de générer des polices de caractères – à l’époque ces polices étaient loin d’être aussi complètes qu’aujourd’hui, notamment pour la graphie des langues étrangères. N’ayant plus d’atelier, je me suis constitué une démarche nouvelle : la création d’un vocabulaire de « signes de ponctuation  » de mon cru. J’ai découvert le travail de typographes et éditeurs de toutes époques et pays, ainsi qu’une discipline artistique qui s’est donné plusieurs noms mais qui consiste en une chose : conjuguer la poésie et les arts graphiques, les faire mari et femme, yin et yang.