« On ferme les yeux, on offre le son… »
Dans La Nausée Sartre écrit ceci : « Vider les instants de leur graisse, les tordre, les assécher, me purifier, me durcir, pour rendre enfin le son net et précis d’une note de saxophone. » « A quoi bon fréquenter Platon, quand un saxophone peut aussi bien nous faire entrevoir un autre monde ? » interroge Cioran dans ses Syllogismes de l’amertume. Il s’est dit encore que le saxophone était la cocaïne des bois, qu’on admirait les saxophonistes parce qu’ils sont dangereux, parce qu’ils ont exploré la face la plus sombre, la plus sinistre de leur personnalité… Rien n’est plus faux s’agissant de Paul Mancini, gentleman du jazz, qui entretient une relation poétique avec le rythme. Paul a commencé à étudier le saxophone à l’âge de sept ans en tant que membre de son groupe de fanfare. Il entre ensuite au Conservatoire National de Musique de Nice pour se spécialiser dans le jazz. C’est en 2010 que l’Ajaccien enregistre son premier album acclamé, Black Spirit. Son deuxième opus, Sax connection, combinant son talent avec une équipe d’arrangeurs, de musiciens de France, des États-Unis et du Royaume Uni, est un mélange savoureux de saxophone mélodique, de grooves hip hop, de lounge ambiant et de rap. Paul sait nous rappeler que le saxophone a « traversé toutes les époques sans prendre la moindre ride, qu’on le retrouve dans la Bossa nova, le blues, le jazz, le rock, la variété, les musiques de film et aujourd’hui dans la musique que propose les DJ ». Alors ? Quels sont les enregistrements qu’il faut absolument avoir dans sa discothèque ? Écoutons-le. Écoutons-les (« on ferme les yeux, on offre le son ») : Sax Colossus de Sonny Rollins ; Bossa Antigua de Paul Desmond ; Round about Roma de Stefano di Battista ; Stan Getz play Jobim.
Illustrations : B.S. - Photo Marianne Tessier