Éleveur caprin à Vico
Freddy Albertini, 42 ans, s’est spécialisé dans l’élevage du cabri de lait. Les cabris naissent donc entre quarante et quarante-cinq jours avant Noël. C’est 80 bêtes qu’il faut faire téter une par une sous leur mère (elles ne seront nourries qu’avec le lait maternel. « Si on veut une viande parfumée et juteuse, il ne faut rien leur donner d’autre ») de 5h30 à 8 heures, puisde16 heures à 18h30. Jusqu’au jour de l’abattage. « J’en conserve 30 pour le renouvellement du troupeau. Les autres sont réservés pour les fêtes. » Mais l’essentiel de son activité provient de la vente en direct du fromage. « Le cabri de Noël, je le fais en plus ». Pour servir les familles qui désirent perpétuer la tradition. Freddy : « Je suis installé en élevage caprin depuis 2005. Issu d’une famille d’éleveurs je suis venu à faire ce métier tout naturellement, peut-être une vocation. Malheureusement les métiers d’élevage viennent à disparaître, et ce bien que de nombreux jeunes s’installent… combien d’années tiendront-ils ? Problèmes de foncier, périodes de sécheresse de plus en plus longues, pénibilité du métier, aides familiales moins nombreuses qu’avant, faible revenu… La difficulté à vendre les produits est aussi une difficulté supplémentaire. Pourquoi ? Les traditions se perdent, les femmes cuisinent de moins en moins, les personnes qui arrivent tous les ans en Corse n’ont pas reçu la tradition culinaire régionale, les enfants n’ont pas l’habitude de manger des produits régionaux. Les produits fermiers comme l’agneau, le cabri, le veau, le fromage devraient être valorisés et proposés dans les cantines scolaires, pour initier les enfants à manger local. Favoriser les circuits courts et la création de groupements d’agriculteurs peut être également un facteur pour écouler nos produits. Les grandes surfaces, également, ne jouent pas le jeu. Trop de produits venus de l’étranger au détriment de produits locaux (agneau de nouvelle Zélande, par exemple). Les races locales comme A Capra Corsa ou U Porcu Nustrale devraient davantage être aidées que les races exogènes (chèvres alpines, porcs large white) pour inciter les jeunes agriculteurs à s’installer en race nustrale. » Freddy Albertini travaille la race corse. Une chèvre de petite taille, aux poils longs et à la robe « aléatoire », c’est-à-dire blanche, noire ou rousse. La journée, le troupeau divague sur les hauteurs de Vico. Reste que l’essentiel de l’activité de cet éleveur provient de la vente en direct du fromage.
B.S. Photos Rita Scaglia.