Gardien de la terre
«Vous pensez que l’île connaît des difficultés en termes de foncier actuellement ? Attendez 2027 avec la fin de la dérogation à l’arrêté Miot, c’est un cataclysme qui va s’abattre sur chaque famille corse si rien n’est fait. Ce combat est vital. » Tandis que Gilles Simeoni et Gérald Darmanin planchent sur un projet d’autonomie pour la Corse – qui englobe l’aspect fiscal – Me Alain Spadoni remet sur la table sa proposition de réforme législative pour une fiscalité incitative de transmission du patrimoine. Parce que le temps presse. Parce qu’il a lu Le petit poisson et le pêcheur (« Un tien vaut, ce dit-on, mieux que deux tu l’auras. L’un est sûr l’autre ne l’est pas » écrit La Fontaine). Parce qu’il a de la suite dans son idée patriotique. « Depuis 1981, je suis le fil rouge que le notariat de Corse a choisi à cette époque et qui est toujours d’actualité, à savoir éviter que les droits de successions aient un effet confiscatoire sur les biens immeubles situés en Corse. En effet, je considère que le patrimoine immobilier est avec la langue et la culture, une racine essentielle d’un peuple. Si la racine meurt… Le peuple meurt. » De fait, il ne s’agit pas d’une exonération de l’impôt, ni de créer un mécanisme pour échapper à l’impôt – « la contribution est un acte citoyen fort ». La proposition a pour ambition de transformer l’impôt sur les successions actuelles en une contribution citoyenne en l’adaptant aux enjeux économiques et sociétaux qui se posent dans l’île. Une partie de la contribution due au titre des droits de successions pourrait ainsi être réglée pour permettre de rénover le patrimoine privé. Rencontre.
Par Constant Sbraggia - Photos : Rita Scaglia