EN TEMPS DE CRISE ÉCOLOGIQUE
Le mois dernier dans ce même journal, je posais la question de la place de la science et des technologies dans la réponse à la crise écologique. Aujourd’hui c’est la question duale que je souhaite aborder : quelles pratiques, quelle organisation de la science et des technologies en temps de crise écologique ? Le débat sur la responsabilité du scientifique en temps de crise est un débat difficile, indémêlable. Doit-on considérer que les scientifiques sont au premier abord responsables, et donc doivent être encouragés à s’impliquer dans la (bonne) gestion de leurs découvertes, ou bien leurs inventions ne sont-elles qu’objet commun à traiter comme bien public dont le politique, et la société en grand, sont seuls comptables ? Les deux points de vue sont légitimes et je les ai mis en scène de façon dramatique dans un ouvrage centré sur la Seconde Guerre mondiale1. La référence historique n’est pas exagérée : aussi bien par l’ampleur des dégâts annoncés que par les bouleversements économiques, comportementaux et sociétaux qui conviendraient pour y répondre, la crise écologique en cours induit une situation comparable à une guerre par bien des aspects.
Par Cédric Villani - Illustrations FRAC Corsica