« La Corse, est une région autonome, dotée de la personnalité juridique, au sein de la République française, sur la base de principes démocratiques qui inspirent la vie de la Nation. » Voici ce que donnerait, à peu de choses près, l’article premier de la loi portant statut spécial de la Corse, s’il était inspiré de la loi italienne donnant à la Sicile son autonomie. Elle lui attribue, outre des compétences exclusives, une autonomie financière et fiscale, un pouvoir législatif. Les lois « régionales » siciliennes doivent cependant être conformes à la Constitution et à l’ordre juridique italiens. A noter que la Nation à laquelle il est fait référence est la nation italienne et non la sicilienne, qui n’existe pas. Nous n’en sommes pal là. On se rappelle qu’Emmanuel Macron avait dit à Bastia être prêt à « reconnaître la singularité de la Corse dans la Constitution ». C’était en 2018. Mars 2022. Après deux semaines de tensions et de violences à la suite de l’agression d’Yvan Colonna par un codétenu radicalisé, Gérald Darmanin a proposé l’autonomie de la Corse. Quelle autonomie ? On peut laisser de coté les domaines régaliens : police, justice, diplomatie, défense, droit des étrangers. Mais ne sont-ils pas liés à tout le reste ? La politique universitaire à la valeur des diplômes, par exemple ? Ou le droit d’asile au droit du travail, à la résidence, au droit social ? L’application des lois est du domaine de la justice, mais de quelles lois, lois de pays ? L’autonomie comme une chance, mode d’emploi.
Par Laurent Dominati – illustrations Fernand Léger