Le langage de l’étoffe
Il est vrai que j’ai baigné dans un environnement créatif, chez nous il y avait de la poésie et de la musique dans l’air… Très tôt j’ai voulu apprendre le piano. Lorsque j’étais enfant, ma mère (Patrizia Gattaceca) faisait confectionner ses tenues de scène chez la styliste bastiaise, Christiane Guerrini, j’adorais l’accompagner faire ses essayages et j’etais fascinée par l’atelier rempli de dentelles et de tissus soyeux, je repartais souvent avec des chutes de tissus et je confectionnais des robes pour mes poupées… C’est là que tout a commencé, je rêvais déjà de mode et de couture. À douze ans ma mère m’a offert ma première machine à coudre. Il est vrai que la mode peut apparaitre comme le champ du superflu et de la futilité, mais n’est-elle pas plutôt un langage, une vision du monde qu’offre chaque créateur, un miroir de nos sociétés ? Il n’existe pas une mode mais des modes, notre propre mode est une part de notre identité, elle parle de nous, de qui nous sommes et de la part de nous que nous voulons montrer à l’autre. La mode permet aussi de se renouveler, le vêtement interroge l’intime de chacun d’entre nous ; le vivre pleinement c’est s’affirmer, assumer l’image que l’on veut donner de soi. Pour la créatrice que je suis, le langage de l’étoffe est un langage universel qui s’exprime depuis la nuit des temps, il peut mettre en valeur un héritage culturel et permet également la fusion des cultures en alliant tradition et modernité. Véritable moyen d’expression artistique, je pense que la mode traversera le temps comme une nécessité.
Photos Rita Scaglia.