de Thierry de Peretti
Le titre provisoire du film était L’infiltré, emprunté au récit co-écrit par Hubert Avoine et Emmanuel Fansten (Robert Laffont, 2017). Hubert Avoine travaillait pour les stups sous couverture. L’infiltré, c’était lui. Emmanuel Fansten est journaliste à Libération. Le film de Thierry de Peretti s’inspire de leur rencontre : en octobre 2015, à Paris, les douanes françaises saisissent sept tonnes de cannabis. Le jour même, Hubert Antoine (Roschdy Zem), qui est tout sauf un enfant de chœur, contacte le journaliste Stéphane Vilner (Pio Marmaï) pour l’alerter sur un trafic de drogue, un trafic un peu spécial puisqu’il est organisé depuis le bureau du grand patron des stups, le charismatique Jacques Billard (Vincent Lindon). D’abord méfiant face au personnage interlope qui prétend dénoncer un haut gradé de la police, le journaliste plonge dans une enquête qui va finalement faire tomber Billard. Ce qui intéresse de Peretti dans cette histoire, ce n’est pas de filmer un polar avec des camions louches et des zodiacs furtifs, mais de raconter la révélation d’une affaire d’autant plus violente que c’est l’État qui était aux manettes. En cela il rejoint un genre illustré par Oliver Stone avec Snowden et plus récemment Scott Burns avec The Report (qui relate l’enquête du Sénat américain sur l’utilisation de la torture par la CIA). C’est aussi le portrait d’une ville, le Paris d’aujourd’hui, celui de l’après 13 novembre, de Nuit Debout et des Gilets Jaunes, où s’entrecroisent et se révèlent les lignes de faille de notre société. I.D. Photo R.S. En salle le 9 février. Avec Roschdy Zem, Pio Marmai, Vincent Lindon, Valeria Bruni Tedeschi.
Photo R.S.